Mishel Alexandrovsky, Fellow du CanFRN, s’est engagée dans la recherche en partant d’un constat simple : plusieurs outils utilisés en sciences ne captent pas la manière dont les personnes autistes comprennent et perçoivent le monde. Cette observation guide aujourd’hui son parcours de doctorante à l’Université de Toronto et de stagiaire de recherche au Centre for Addiction and Mental Health (CAMH).
Son approche vise à rapprocher les méthodes scientifiques des expériences vécues. Chercheuse autiste, elle contribue à un mouvement qui souhaite que la recherche soit pensée avec et pour les personnes autistes, en tenant compte de leur diversité et de leurs réalités quotidiennes. Elle examine les tâches expérimentales souvent utilisées dans les études sur la cognition autistique et analyse leur capacité à représenter fidèlement les façons de penser et de traiter l’information propres aux personnes autistes. Son objectif est de produire des connaissances utiles, rigoureuses et respectueuses.
Mishel s’implique aussi dans la communauté du CanFRN. Comme co-responsable étudiante du comité d’examen et de sélection, elle travaille avec des membres étudiant(e)s et des mentors pour appuyer les processus de sélection et contribuer aux échanges qui orientent les travaux du réseau.
Mishel Alexandrovsky revient sur son diagnostic, son cheminement vers une meilleure compréhension d’elle-même, et la manière dont ces expériences orientent sa contribution à la recherche et à la communauté. (Production: Desmond Dyson)
Comment vous êtes-vous d’abord impliquée dans le CanFRN ?
Alexandrovsky : Je me suis impliquée au CanFRN comme fellow, ce qui m’a offert des occasions précieuses de collaborer avec un réseau national d’expert(e)s en recherche sur le neurodéveloppement et l’autisme.
Cette participation m’a permis d’élargir mes liens professionnels entre diverses disciplines, de me familiariser avec différentes méthodologies de recherche et de contribuer à des projets axés sur la collaboration interdisciplinaire.
Faire partie de ce réseau m’aide aussi à rester au courant des nouvelles tendances et des meilleures pratiques dans le domaine. Cela a renforcé mes compétences en recherche et ma capacité à appliquer les résultats dans des contextes concrets et pertinents.
Qu’est-ce qui motive votre recherche ?
Alexandrovsky : Ma motivation vient de mes propres expériences d’incompréhension en tant que personne autiste, autant sur le plan personnel que scientifique. Ces expériences ont façonné mon engagement à faire en sorte que la recherche reflète les réalités vécues des personnes autistes et neurodivergentes.
Je cherche particulièrement à combler le fossé entre la recherche expérimentale et l’expérience quotidienne des personnes étudiées, pour que les résultats soient non seulement rigoureux sur le plan scientifique, mais aussi pertinents, accessibles et utiles.
Mon objectif est de produire des connaissances qui soutiennent les communautés neurodivergentes, éclairent les pratiques et encouragent une compréhension plus nuancée de l’autisme, tant dans les milieux universitaires que dans la société.
Quelle influence souhaitez-vous avoir dans votre domaine ?
Alexandrovsky : Mes travaux contribuent au domaine en analysant et en révisant les tâches expérimentales utilisées en recherche sur l’autisme, afin d’en améliorer la validité et l’inclusivité.
En ajustant des tâches souvent peu alignées avec les réalités vécues par les participant(e)s, ma recherche permet de produire des données plus exactes et plus significatives, qui peuvent éclairer la pratique clinique, la conception d’interventions et même l’élaboration de politiques.
Au final, cette approche vise à renforcer la compréhension scientifique pour améliorer la qualité de vie des personnes ayant des conditions neurodéveloppementales.
La création gagnante de Mishel au concours d’autocollants 2025 de la CanFRN illustre comment la collaboration entre disciplines enrichit à la fois la science et la communauté. « Cet autocollant reflète l’esprit collaboratif et pluriel de la bourse CanFRN. Quand on réunit différentes façons de penser, on fait avancer nos travaux et on se soutient mutuellement. » Lire l’histoire complète
Quel conseil donneriez-vous aux personnes en début de carrière ?
Alexandrovsky : Je recommanderais aux personnes en début de carrière de s’impliquer activement dans le réseau du CanFRN en participant aux ateliers, aux discussions et en établissant des liens avec leurs pairs et leurs mentors.
Il est important de saisir les occasions de contribuer à des projets collaboratifs, de partager vos perspectives et d’apprendre de l’expertise des autres. Une participation active favorise le développement professionnel et offre une meilleure compréhension du domaine et de ses retombées concrètes.
S’investir dans cette communauté peut enrichir votre recherche, élargir vos collaborations et vous permettre de contribuer de façon significative à l’avancement des connaissances en neurodéveloppement.
Restez en contact
Pour suivre le travail de Mishel, visitez ses profils sur Bluesky, LinkedIn, X, et Google Scholar.